Ouvrir son magasin est une activité commerciale passionnante, mais vous devez au préalable trouver un concept de magasin avec des produits à vendre susceptibles de créer l’engouement, trouver l’emplacement idéal et valider les différentes étapes de création d’entreprise : étude de marché et stratégie commerciale, prévisions financières, choix du statut juridique, formalités d’immatriculation.
Trouver le concept de magasin
Ouvrir un magasin implique d’avoir des produits à vendre qui suscitent l’intérêt d’une clientèle. Vous devez donc trouver un concept de magasin qui plaît. Pour cela, vous pouvez vous inspirer des tendances de consommation actuelle, pourquoi pas découvrir les magasins qui fonctionnent dans d’autres régions ou d’autres pays ? Attention, si vous vous inspirez d’un concept étranger, vous devrez garder à l’esprit qu’un produit qui rencontre le succès dans une zone géographique donnée n’est pas forcément accueilli avec le même enthousiasme dans une autre région du globe, selon les cultures et les habitudes de consommation.
Attention également aux produits bénéficiant d’un succès fulgurant, mais passager (produits « gadgets », mode passagère). Dans l’absolu, il vaudra mieux vous tourner vers un concept de magasin qui fait ses preuves depuis longtemps et qui correspond à une tendance ancrée et durable.
Valider la réglementation pour ouvrir un magasin
Normes relatives aux ERP
Votre magasin doit respecter les normes d’accessibilité et de sécurité relatives aux Etablissements Recevant du Public (ERP) : normes incendie, sorties de secours, normes électriques … Vous devez vous tourner vers votre mairie d’implantation pour obtenir toute la réglementation relative aux ERP.
Réglementation liée à la pratique du commerce
Ouvrir et exploiter un magasin nécessite de respecter les règles du commerce :
- afficher tous les prix Hors Taxes (HT) et Toutes Taxes Comprises (TTC) avec le montant de la TVA
- ne pas vendre à perte ni pratiquer d’actions anticoncurrentielles
- faire une note au client à partir de 25 € TTC d’achat
- suivre les règles relatives aux soldes
- laisser son magasin fermé le dimanche (sauf dérogation ou exception)
Souscrire une assurance civile professionnelle (RC Pro)
Souscrire une assurance civile professionnelle pour couvrir votre local et votre activité n’est pas une obligation légale, mais la démarche est indispensable pour vous protéger des dommages et accidents qui pourraient survenir dans le cadre de l’exploitation du magasin (produit défectueux, accident à l’intérieur du local…). Vous pouvez contacter n’importe quel assureur reconnu sur le secteur de l’assurance.
Des règles sectorielles spécifiques
Selon les produits que vous envisagez de vendre dans votre magasin, vous devrez peut-être suivre une réglementation spécifique. Vous la trouvez auprès de votre fédération de professionnels. C’est le cas par exemple pour la vente de produits alimentaires (réglementation en matière de stockage et de respect de la chaîne du froid), de la vente de cigarettes, de livres (prix réglementés et affiche du prix sur la couverture), etc.
Valider l’étude de marché
Une fois que vous savez quel concept de magasin vous souhaitez mettre en place (produits que vous voulez vendre), vous réalisez une étude de marché dans la zone géographique que vous visez :
- analyse de la population cible : profil, budget, attentes et freins à la consommation
- analyse concurrentielle : nombre de magasins au concept identique ou ressemblant, concept proposé, positionnement, prix, avantages concurrentiels, modes de communication adoptés
- recherche des fournisseurs avec une bonne connaissance du rapport qualité-prix
Vous pouvez analyser les concurrents directs, mais aussi les concurrents indirects, à savoir ceux qui vendent des produits différents, mais qui visent la même cible de clientèle pour répondre au même besoin. Par exemple, si vous voulez créer une boutique de décoration pour la maison, vous devez analyser la stratégie de tous les magasins proposant des objets de décoration dans la zone d’implantation visée, y compris les grandes enseignes et les magasins de grande distribution.
Ensuite, l’étude de marché permet de monter une stratégie commerciale (appelée stratégie de pénétration du marché) adaptée à la demande et à l’offre analysées au préalable :
Valider le projet
L’étude de marché permet de valider le projet, à savoir l’existence d’un réel intérêt pour le concept avec une demande suffisante. Dit autrement, l’étude de marché permet de voir s’il est encore possible de gagner des parts de marché sur le concept souhaité, au vu du nombre de concurrents déjà présents dans la zone d’implantation visée.
Faire sa stratégie commerciale (stratégie de pénétration du marché)
- le concept de magasin et le positionnement (entrée de gamme, haut de gamme…)
- le catalogue produit détaillé avec le stock de départ
- les prix
- les fournisseurs sélectionnés (pour vous organiser, vous devez avoir une bonne connaissance du rapport qualité-prix et des délais de livraison)
- la stratégie de communication (site Internet, cartes de visite, publicité …)
Trouver l’emplacement
Vous pouvez récupérer la liste des locaux commerciaux disponibles et des fonds de commerce mis en vente auprès de la mairie et de la chambre de commerce et d’industrie. Validez l’attractivité du lieu que vous avez choisi, sa bonne accessibilité et le respect des normes ERP avant de signer un bail. Enfin, vérifiez les projets urbanistiques en cours et à venir pour garantie l’attractivité de l’emplacement à long terme.
Une fois les lieux identifiés, vous signez un bail commercial avec le propriétaire, ce qui correspond à un engagement de 9 ans (sauf exception) avec possibilité de résiliation anticipée par période triennale pour le locataire.
Il est envisageable de signer un bail précaire pour un engagement de quelques mois seulement, permettant de tester les lieux avant une potentielle transformation en bail commercial. Attention, le propriétaire n’est pas obligé de renouveler le bail précaire, mettant votre activité en danger.
Des autorisations supplémentaires selon la configuration du magasin
Vous devez obtenir l’autorisation de grande surface commerciale pour ouvrir un magasin de plus de 1000 m2 (400 m2 jusqu’en 2020). L’autorisation est donnée par la Commission Départementale d’Aménagement Commercial (CDAC).
Vous devez obtenir une autorisation de modification de devanture si vous prévoyez des changements sur la façade du magasin. L’autorisation est donnée par la mairie.
Renseignez-vous également auprès de la mairie à propos de la réglementation à suivre en matière de pose de l’enseigne. Cette dernière doit avoir une taille et un emplacement spécifiques sur la devanture de votre magasin.
Faire les prévisions financières
Le plan de financement
Un plan de financement vous permet de budgéter le projet de magasin : investissements nécessaires et ressources mobilisées. Le plan de financement prend la forme d’un tableau à deux colonnes :
- les besoins à gauche (appelés « les emplois »)
- les ressources à droite
« HT » signifie « Hors Taxes ».
INVESTISSEMENTS AU DEMARRAGE (EMPLOIS) | Coût | RESSOURCES MOBILISEES | Montant |
Travaux et aménagements | 25 000 € HT | Apport personnel | 15 000 € |
Stock de marchandises | 6 000 € HT | Prêt d’honneur | 5 400 € |
Communication au démarrage | 3 000 € HT | Subvention FISAC | 2 500 € |
TVA | 6 800 € HT | Prêt bancaire | 22 900 € |
Trésorerie au démarrage | 5 000 € HT | ||
TOTAL | 45 800 € HT | TOTAL | 45 800 € |
Pour les emplois :
- la trésorerie au démarrage correspond au coussin financier permettant de payer les premières mensualités en attendant d’avoir suffisamment de chiffre d’affaires pour couvrir le cycle d’exploitation
- la TVA sur les investissements est calculée sur une ligne séparée, car elle sera déductible une fois l’entreprise créée
Pour les ressources :
- les organismes bancaires octroient généralement un crédit à hauteur de 30 à 50 % maximum du coût du projet (total des investissements)
- les organismes de crédit financent exclusivement les investissements matériels et immatériels sur lesquels ils peuvent se prendre une garantie (ne financent pas le stock de départ ou encore la trésorerie au démarrage)
- le prêt d’honneur est un prêt personnel à taux zéro permettant d’augmenter la capacité d’apport pour intégrer les critères de financement bancaire. Vous devez vous tourner vers la plateforme d’initiative locale de votre département d’implantation (contact : France Initiative)
- l’aide du FISAC (Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat et le Commerce) correspond à un prêt ou une subvention pour aider à la création de magasins de proximité (financement pour les travaux de mise aux normes, aide à l’implantation dans un quartier prioritaire ou une zone rurale…). L’aide du FISAC peut s’élever jusqu’à 30% des investissements au démarrage et/ou 30% des frais de fonctionnement du magasin, mais les critères d’obtention sont stricts. Lorsque vous montez votre plan de financement, contactez le FISAC pour en savoir plus.
Faites-vous accompagner par un expert-comptable pour réaliser un plan en accord avec les nombreux critères exigés par les financeurs.
Le compte de résultat prévisionnel
Le compte de résultat prévisionnel est un tableau annuel qui permet d’anticiper toutes les charges d’exploitation du magasin ainsi que le chiffre d’affaires minimum à encaisser pour être rentable et vous rémunérer. Vous réalisez un compte de résultat prévisionnel hors taxes, pour les 3 premiers exercices. Ce tableau permet aussi d’anticiper le poids de la fiscalité et des cotisations sociales pour l’entreprise.
COMPTE DE RÉSULTAT PRÉVISIONNEL EXERCICE 1 | Montant |
Chiffre d’affaires | 150 000 € |
Achat de marchandises | 75 000 € |
Loyer | 9 600 € |
Electricité | 4 800 € |
Intérêts d’emprunt | 165 € |
Rémunération | 19 200 € |
Cotisations sociales | 8 640 € |
Résultat | 32 595 € |
Impôt sur les sociétés | 4 890 € |
Résultat net | 27 705 € |
Remboursement emprunt | 3 275 € |
Capacité d’autofinancement | 24 430 € |
Le compte de gestion de trésorerie
Le compte de gestion de trésorerie décortique les données du compte de résultat de manière mensuelle. Avec ce tableau, vous affinez votre vision financière du projet et vous anticipez votre besoin en fonds de roulement.
Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | |
Chiffre d’affaires | 5 000 € | 6 000 € | 7 000 € | 7 500 € | 8 000 € |
Paiement des marchandises | 0 € | 2 000 € | 7 250 € | 0 € | 4 000 € |
Loyer | 800 € | 800 € | 800 € | 800 € | 800 € |
Electricité | 400 € | 400 € | 400 € | 400 € | 400 € |
Résultat | 3 800 € | 2 800 € | -1 450 € | 6 300 € | 2 800 € |
Trésorerie (démarrage à 5 000 €) | 8 800 € | 11 600 € | 10 150 € | 16 450 € | 19 250 € |
N’hésitez pas à réaliser vos prévisions financières avec l’aide d’un expert-comptable ou d’un conseiller en création d’entreprise, notamment pour valider le modèle économique, anticiper la fiscalité et les échéances de paiement fiscal et social.
Choisir le statut juridique approprié
Vous optez pour un statut juridique qui correspond au modèle économique de votre activité. Par exemple, une auto-entreprise correspond à un modèle nécessitant peu de frais et peu de risque financier, car ce régime ne permet ni de déduire ses charges sur le plan fiscal, ni de récupérer la TVA, ni de séparer les patrimoines personnel et professionnel de l’exploitant. Pour ouvrir un magasin, il vaudra donc mieux créer une société, ce qui correspond à une personne morale :
- une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) si vous êtes le seul entrepreneur ou une Société à Responsabilité Limitée (SARL) à partir de 2 associés
- une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle si vous êtes le seul entrepreneur ou une Société par Actions Simplifiée à partir de 2 actionnaires
A propos du statut de franchise
La franchise correspond à un accord entre un franchiseur à l’initiative d’un concept (une marque, une enseigne avec un savoir-faire, une charte graphique…) et un franchisé désireux de développer le concept à son compte. Le franchisé crée sa propre entreprise, mais il paye un droit d’entrée au franchiseur pour avoir le droit d’exploiter le concept puis il lui reverse une redevance mensuelle (généralement calculée au prorata du chiffre d’affaires). Le franchisé bénéficie d’une marque d’ores et déjà connue du public, ce qui réduit les aléas du démarrage. De plus, il intègre un réseau et peut se faire accompagner par le franchiseur. Toutefois, il doit respecter les codes de gestion et de communication qui ont été préalablement mis en place.
Il existe de nombreux concepts de magasin évoluant sous forme de franchise. N’hésitez pas à envisager ce mode de création d’entreprise.
Rédiger le business plan
Enfin, n’oubliez pas de rédiger le business plan de votre projet de magasin. Ce document récapitule toutes les étapes entrepreneuriales avec vos résultats d’analyses et vos décisions stratégiques. Il est un très bon outil de pilotage, car il formalise le projet de création d’entreprise dans son ensemble. Notez que le business plan est obligatoire si vous mobilisez des financeurs.
Immatriculer l’entreprise
Pour exploiter votre magasin en toute légalité, vous immatriculez votre entreprise au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). Pour cela, vous déposez un dossier de demande d’immatriculation au Centre de Formalités des Entreprises (CFE) de la chambre de commerce et d’industrie ou du greffe du tribunal de commerce.
Si vous optez pour un statut juridique de société (EURL/SARL, SASU/SAS), vous accomplissez certaines formalités supplémentaires :
créer les statuts constitutifs de société
- déposer le capital social sur un compte bancaire professionnel (vous pouvez aussi déposer le capital social à la Caisse des Dépôts et Consignations ou auprès d’une institution agréée)
- publier un avis de création de société dans un journal d’annonces légales
Les conséquences de l’immatriculation
En général, vous obtenez votre Kbis dans les 30 jours qui suivent la date d’immatriculation. Le Kbis est le document officiel prouvant la légalité de votre entreprise. Il comporte le numéro SIREN, SIRET et le code APE (Activité Principale Exercée). Vous transmettez un Kbis à la banque pour débloquer le compte bancaire et commencer l’exploitation effective de l’activité.