Toutes les étapes pour ouvrir un salon de coiffure

Ouvrir un salon de coiffure est le rêve de nombreux coiffeurs qui peuvent alors exercer leur activité selon leur vision et leur propre concept. Pour exploiter son salon de coiffure, plusieurs étapes vous attendent, notamment justifier des diplômes adéquats (la coiffure est une activité artisanale réglementée), identifier une zone d’implantation opportune, trouver un local aux normes de sécurité et d’accessibilité, monter votre concept et prendre un statut juridique… Voici la réglementation et les étapes entrepreneuriales pour ouvrir un salon de coiffure.

Les conditions pour créer un salon de coiffure

Des conditions de diplôme

En tant qu’activité artisanale réglementée, vous devez détenir un diplôme ou une qualification de coiffeur pour pouvoir exercer ce métier. Dans le même esprit, un salon de coiffure doit toujours compter au moins une personne détentrice de ce diplôme ou de cette qualification parmi ses effectifs, et ce en permanence. Il s’agit :

  • du brevet professionnel de coiffure
  • du brevet de maîtrise de coiffure
  • d’un diplôme de coiffure mentionné au répertoire national des certifications professionnelles

Le plus évident est de valider vous-même votre diplôme de coiffeur pour pouvoir créer puis gérer votre salon de coiffure en parfaite indépendance.

Respecter les normes de sécurité

Le local dans lequel vous exercez doit être aux normes de sécurité et d’accessibilité relatives aux Etablissements recevant du Public (ERP), en vertu du Code de la construction et de l’habitat. Notez que les normes varient selon la catégorie d’ERP, c’est-à-dire selon l’activité exercée et l’affluence maximum dans le local. Ici, elles concernent essentiellement la protection incendie et la bonne accessibilité des lieux. Nous vous conseillons de vous tourner vers la mairie de la commune dans laquelle vous souhaitez vous implanter pour obtenir un panorama complet des normes à respecter.

Prendre une assurance civile professionnelle

Il est important (mais non obligatoire) de souscrire une assurance civile professionnelle (assurance RC Pro) pour vous protéger des dommages et préjudices que vous pourriez inopinément causer dans votre salon de coiffure (accident, plainte de la part d’un client …).

Textes ressources

Code de la construction et de l’habitat :

Le Stage de Préparation à l’Installation facultatif

Le Stage de Préparation à l’Installation (SPI) est devenu facultatif pour les artisans (loi Pacte 2019). Cette formation de quelques jours est recommandée pour appréhender les bases de la gestion, de la comptabilité et de la fiscalité d’entreprise. Vous pouvez passer votre SPI via la chambre des métiers et de l’artisanat. Le coût est de 200 euros environ (variable selon les organismes).

La réglementation liée à l’exercice du métier de coiffeur

Notez que les formations menant aux diplômes de coiffeur vous permettront de connaître en détail la réglementation liée au métier et à l’exercice de cette activité, notamment :

  • concernant l’utilisation des produits nocifs, pour colorer,  friser ou défriser les cheveux (Décret n° 98-848 du 21 septembre 1998 à propos des conditions d’utilisation de produits renfermant de l’acide thioglycolique et/ou ses sels ou ses esters dans le cadre professionnel).
  • concernant le rapport avec la clientèle et le commerce : obligation de délivrer une note ou une facture, obligation d’afficher les prix hors taxes, toutes taxes comprises avec le détail des prestations en cas de forfait (articles 1 et 2 de l’arrêté du 27 mars 1987 à propos des tarifs de la coiffure et arrêté n° 83-50/A du 3 octobre à propos de la publicité des prix de manière générale)

Comment ouvrir un salon de coiffure : les étapes de création d’entreprise

La zone d’implantation et l’étude de marché

La zone d’implantation d’un salon de coiffure doit être réfléchie avec soin. Vous devez viser un territoire où la demande est suffisante par rapport à l’offre existante. Vous devez ensuite centrer la recherche d’un local dans un quartier commerçant et suffisamment dynamique pour attirer la population devant votre vitrine (clientèle spontanée).

Vous devez également connaître la population résidant dans la zone d’implantation : pouvoir d’achat, catégorie socioprofessionnelle, moyenne d’âge… Dans l’idée de proposer des prestations et des prix adaptés.

Enfin, une analyse concurrentielle vous aidera à vous positionner et trouver vos points forts et éléments différenciant pour gagner des parts de marché.

En bref, l’étude de marché vous permet de :

  • valider l’opportunité d’un lieu : clientèle suffisante par rapport à l’offre existante
  • connaître votre cible de clientèle (âge, pouvoir d’achat, sexe, attentes et freins)
  • connaître vos concurrents (concept proposé, prix, cible de clientèle, mode de communication adopté…)
Astuce de notre expert
Vous pouvez vous rendre sur le site Web du greffe du tribunal de commerce – infogreffe.fr – pour vérifier les chiffres d’affaires des salons de coiffure concurrents pour les années antérieures. En effet, à partir d’un certain montant, les sociétés sont obligées de rendre leurs comptes annuels publics. Cette démarche vous permet de valider le succès ou l’insuccès des concepts concurrents et de réfléchir aux raisons de leur réussite ou de leur échec (mauvaise stratégie, prix trop élevés par rapport au pouvoir d’achat dans le quartier, mauvaise implantation …).

 

La stratégie commerciale pour monter un salon de coiffure

Lorsque la zone a été identifiée, vous pouvez mettre au point une stratégie commerciale adaptée au lieu (stratégie de pénétration du marché) :

  • le positionnement (haut de gamme, entrée de gamme…) avec le concept
  • les services proposés : formules, prestations à la carte (coupe, coiffure de mariage, coiffure de soirée…)
  • les prix
  • le mode de communication (cartes de visite, flyers, aménagement d’une vitrine, site Internet, salons professionnels …)
  • le choix des fournisseurs de produits avec un rapport qualité-prix adapté au concept

Le local et le bail commercial

Pour exploiter un salon de coiffure, vous découvrez l’offre de locaux commerciaux disponibles dans votre zone d’implantation :

Vous pouvez vous tourner vers la mairie et vers la Chambre des Métiers et de l’Artisanat pour connaître l’offre de fonds et de locaux nus. Veillez à prendre en compte le dynamisme de la rue, la bonne accessibilité des lieux et les projets urbanistiques à venir avant d’opter pour un emplacement.

La signature d’un bail commercial

Généralement, l’entrée dans un local prend la forme d’une location et non d’un achat des murs. Le bail qui est signé est un bail commercial. Dans le cas d’un rachat de fonds de commerce, le bail est compris dans le fonds.

Il faut savoir que le bail commercial a une durée de 9 ans. Cela signifie que le bailleur ne peut pas résilier le bail avant ce délai (sauf exception), alors que le locataire peut se désengager à l’issue d’une période triennale (sous condition de respecter le délai de préavis et la procédure légale).

Il est possible de signer un bail précaire d’une durée de quelques mois jusqu’à 3 ans maximum dans l’optique de tester le lieu. Attention, si le bail précaire limite l’engagement de part et d’autre, le propriétaire est en droit de ne pas reconduire le bail, ce qui est potentiellement dangereux pour le professionnel en plein développement d’activité. 

Pour votre comptabilité, mieux vaut faire appel à un expert !

Les prévisions financières

Plan de financement

Il est nécessaire de budgéter l’entrée dans le salon de coiffure (travaux d’aménagement et de mise aux normes, achat de matériel, caution et loyers d’avance…) et les frais globaux de création d’entreprise. Dans votre budget, vous incluez la trésorerie d’avance permettant d’assurer les premières mensualités, en attendant d’encaisser suffisamment de chiffre d’affaires pour autofinancer l’activité.

Le budget est défini dans un tableau à deux colonnes appelé plan de financement :

Par exemple :

« HT » signifie Hors Taxes dans le tableau ci-dessous

EMPLOIS Coût RESSOURCES Prix
Travaux  10 000 € (HT) Apport personnel 20 000 €
Matériel 11 000 € (HT) Prêt d’honneur 7 500 €
Matériel 29 000 € (HT) Banque 24 900 €
Loyers d’avance 6 000 € (HT)  
Immatriculation et statuts juridiques 1 000 € (HT)  
TVA sur les besoins ci-dessus     5 400 €  
Trésorerie au démarrage 20 000 €  
TOTAL   52 400 € TOTAL 52 400 €

Attention, les banques financent généralement 30 à 50 % du projet et essentiellement pour les besoins matériels ou immatériels sur lesquels elle est susceptible de prendre une garantie (besoins amortissables en comptabilité). Vous ne pouvez pas demander un crédit pour financer la trésorerie au démarrage, par exemple. Vous devrez donc compléter le crédit par un apport personnel. Si vos ressources sont insuffisantes, vous pouvez solliciter la plateforme d’initiative locale de vote département pour solliciter un prêt d’honneur. Son objet est de compléter votre apport personnel par un prêt personnel sans taux d’intérêt, pour pouvoir être éligible au prêt bancaire. Attention, le prêt d’honneur est limité (conditions différentes selon la plateforme) et il est toujours assorti d’un crédit bancaire. 

D’autres solutions de financement sont envisageables et il est nécessaire de faire appel à un conseiller ou un expert-comptable pour appréhender toutes les stratégies possibles.

Compte de résultat

Le second tableau est le compte de résultat prévisionnel. Il consiste à anticiper, de manière annuelle, toutes les dépenses liées à l’activité. Cet exercice permet de connaître ses charges ainsi que le chiffre d’affaires minimum à encaisser pendant l’année pour être rentable et se rémunérer. Ce tableau inclut également les intérêts de l’emprunt, les charges fiscales et sociales. Il est réalisé pour les trois premières années d’activité (N+1, N+2 et N+3) et les données sont toujours hors taxes.

Exemple simplifié :

COMPTE DE RÉSULTAT ANNÉE 1 Prix
Chiffre d’affaires 120 000 €
Loyer 24 000 €
Communication Web & papier 10 000 €
Salaires bruts 22 500 €
Charges sociales 9 720 €
Intérêts d’emprunt     178 €
RÉSULTAT 53 602 €
Impôt 10 053 €
RÉSULTAT NET 43 549 €
Remboursement capital de l’emprunt 3 560 €
Capacité d’autofinancement 39 989 €

 

Compte de suivi de trésorerie

Enfin, le compte de suivi de trésorerie est un tableau annexe qui décortique la première année du compte de résultat, mois par mois. Il permet de fixer des objectifs mensuels de chiffre d’affaires, d’anticiper le besoin en fonds de roulement et de visualiser de manière chiffrée les premiers mois de l’activité. Il s’agit d’un outil de pilotage très important pour la gestion de l’entreprise. Il est effectué toutes taxes comprises (TTC) et le paiement de la TVA doit apparaître dans le tableau.

Exemple simplifié :

  janvier février mars avril
Chiffre d’affaires  0 1 500 3 000 5 500
Loyer 2 000 2 000 2 000 2 000
Communication 2 000 2 000 600 600
Salaires 1 875 1 875 1 875 1 875
Charges sociales 844 844 844 844
Résultat -6 719 -5 219 -2 319 181
Trésorerie (démarrage 20 000 €) 13 281 8 062 5 743 5 924
Astuce de notre expert
Pour faire vos prévisions financières, nous vous recommandons l’aide d’un expert-comptable, notamment pour anticiper le montant des impôts, taxes et cotisations sociales avec les dates exactes de paiement.

Le statut juridique

Après avoir effectué les prévisions financières, vous choisissez le statut juridique adapté à votre modèle économique. Le statut de société est adapté à un modèle enregistrant des charges fixes élevées et nécessitant un risque financier au démarrage (emprunt bancaire), comme c’est généralement le cas pour l’ouverture d’un salon de coiffure.  Il s’agit de :

  • la Société à Responsabilité Limitée (SARL)  ou son équivalent à associé unique l’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL)
  • la Société par Actions Simplifiée (SAS) ou son équivalent à actionnaire unique la Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU)

L’auto-entreprise pour ouvrir un salon de coiffure ?

Le régime auto-entrepreneur n’est pas adapté à un modèle économique incluant un local commercial. En effet, ce régime correspond au statut juridique d’entreprise individuelle, c’est-à-dire une exploitation en nom propre ne permettant pas de séparer les patrimoines personnel et professionnel. En auto-entreprise, le risque porté pour développer l’activité est donc personnel (à l’inverse du statut juridique de société qui sépare les patrimoines).

De plus, contrairement au statut de société, l’auto-entreprise ne permet de pas :

  • déduire ses charges fixes d’activité
  • récupérer la TVA sur les investissements de départ et sur les dépenses d’exploitation
  • réaliser un chiffre d’affaires annuel supérieur à 70 000 euros par an

En fait, l’auto-entreprise sera plutôt adaptée à un modèle de freelance, pour exercer la coiffure en indépendant sans prendre son propre local.

Un professionnel du chiffre vous aidera à envisager toutes les options juridiques possibles avec leurs conséquences fiscales et sociales.

Le business plan

Après avoir passé toutes les étapes de réflexion entrepreneuriale, vous formalisez ces éléments dans un business plan. Ce document consigne toutes vos analyses et prises de décisions, un peu comme un carnet de bord stratégique : conclusions de l’étude de marché avec stratégie commerciale adaptée, prévisions financières avec formalisation du modèle économique (dans le compte de résultat), choix du statut juridique et motivations.

Parce qu’il permet de faire le point, le business plan est un très bon outil de pilotage stratégique. Dans tous les cas, il est obligatoire pour présenter votre projet de création d’entreprise à un organisme financier.

Les formalités d’immatriculation de l’entreprise

La coiffure étant une activité artisanale, vous immatriculez votre activité au répertoire des métiers en déposant un dossier de demande d’immatriculation au Centre de Formalités des Entreprises (CFE) de la chambre des métiers et de l’artisanat. Si vous vendez des produits en parallèle à l’exercice de la coiffure, vous serez également immatriculé au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) (immatriculation automatique via la chambre de commerce et de l’industrie).

Des formalités supplémentaires pour le statut juridique de société

Si vous créez une société, vous devrez, en amont :

  • rédiger et signer vos statuts constitutifs
  • ouvrir un compte bancaire professionnel pour y déposer le capital social (vous pouvez aussi déposer le capital auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations ou auprès d’un organisme agréé)
  • publier un avis de constitution dans un Journal d’Annonces Légales (JAL)

Quel coût pour immatriculer l’activité

Les frais administratifs d’immatriculation vont de 150 € (entreprise individuelle) à 250 € (société), hors frais d’annonce légale (entre 70 et 200 € selon le journal choisi) et les frais de rédaction des statuts constitutifs si vous faites appel à un expert pour cette étape.

Le journal d’annonces légales doit être habilité à publier dans le ressort du lieu d’implantation de votre salon de coiffure. Les prix vont du simple au triple.

Ouvrir un barbershop ?

La tendance est la barbe et de nombreux salons de coiffure orientent leurs prestations vers un concept de barbershop (barbier) pour s’occuper exclusivement des barbes et/ou des cheveux des messieurs. Attention, la réglementation et les diplômes à obtenir sont les mêmes pour ouvrir un barbershop que pour ouvrir un salon de coiffure.