Tout savoir sur le prévisionnel : nos conseils d’experts

En création d’entreprise, le prévisionnel financier est au cœur du business plan. Il se compose de plusieurs tableaux comptables servant à valider la faisabilité financière et la rentabilité du projet.  Voici pourquoi et comment faire un prévisionnel financier en détail.

Le prévisionnel financier et le business plan

Le business plan

Le business plan est un document que vous devez absolument rédiger en tant que créateur d’entreprise. Il s’agit d’une sorte de journal de bord, à tenir au fur et à mesure de la construction de votre projet pour :

  • analyser le projet sous tous les angles et valider sa pérennité
  • centraliser toutes les informations récoltées à propos du projet dans un seul et même document
  • prendre des décisions stratégiques
  • présenter le projet aux financeurs et partenaires commerciaux ; les séduire

Le business plan comporte notamment :

  • l’étude de marché et vos conclusions d’étude
  • la stratégie commerciale adoptée
  • les prévisions financières 
  • le choix du statut juridique

Le prévisionnel financier

Dans ce contexte, les prévisions financières sont au cœur du business plan. Elles permettent de chiffrer le projet et d’anticiper le cycle d’exploitation.

Le prévisionnel financier se compose de 3 grands tableaux :

  • le plan de financement pour valider la faisabilité financière du projet (qui finance le projet et à hauteur de combien)
  • le compte de résultat prévisionnel pour formaliser le modèle économique et valider la rentabilité du projet
  • le compte de trésorerie pour anticiper les charges mensuelles et le besoin en fonds de roulement

Le plan de financement pour budgéter le projet

Le plan de financement est le premier tableau du prévisionnel financier. Il sert à budgéter le projet (coût du projet) et à lister les différentes ressources qui interviendront dans le financement : apport personnel, prêt bancaire, investisseurs externes …

Un plan de financement se présente comme suit (les chiffres sont donnés à titre d’exemple) :

  • les emplois constituent les besoins au démarrage du projet
  • les ressources sont les financeurs
EmploisRessources
Achat du fonds de commerce 80 000 € Apport personnel 50 000 €
Aménagements 3 000 € Prêt d’honneur 10 000 €
Petit matériel  2 000 € Prêt bancaire 60 900 €
Stock de produits 5 000 €    
Communication au démarrage 3 000 €    
Frais d’immatriculation 1 500 €    
TVA 18 900 €    
Protection de marque à l’INPI 500 €    
Trésorerie au démarrage / fonds de roulement 7 000 €    
TOTAL 120 900 € TOTAL 120 900 €
A noter
Le plan de financement est le reflet de la stratégie d’entreprise. Dans cet exemple, on voit qu’elle consiste à prendre un fonds de commerce, faire de la communication au démarrage, protéger la marque …

La TVA dans le plan de financement

La TVA sur les besoins au démarrage est calculée et mentionnée sur une ligne à part au sein du plan de financement. En effet, cette somme ne constitue pas un investissement financier à proprement parler : elle sera récupérée plus tard via la TVA déductible.

Le seul cas où la TVA n’est pas récupérée est le cas où vous évoluez sous le statut juridique de la micro-entreprise / auto-entreprise. Dans ce cas, la TVA intègre pleinement les besoins au démarrage et elle n’est pas calculée sur une ligne séparée.

L’INPI et la TVA

Les prestations de l’INPI sont exonérées de TVA.

La trésorerie au démarrage

La trésorerie au démarrage représente le fonds de roulement / coussin financier que vous utiliserez durant les premiers mois d’activité pour :

  • payer les premières mensualités et premières charges (loyer, assurance civile professionnelle, frais de déplacement …)
  • faire face aux faux frais et oublis du plan de financement

La trésorerie au démarrage est indispensable, le temps d’avoir suffisamment de chiffre d’affaires.

L’apport personnel

L’apport personnel est indispensable dans le cadre d’une demande de crédit bancaire. Les banques exigent en effet que le porteur de projet participe lui-même au financement de son entreprise, généralement entre 30 et 50% du coût du projet (total des besoins dans le plan de financement).

Les besoins financés par la banque

Les banques refusent généralement de financer les besoins non amortissables, c’est-à-dire les besoins qui sortent du patrimoine de l’entreprise, sur lesquels prendre une garantie financière est impossible. L’apport personnel est d’autant plus important qu’il permet donc de financer ces besoins non amortissables quand la banque accordera un crédit sur les besoins amortissables. 

Les besoins non amortissables sont le stock de produits au démarrage, la communication au démarrage, la trésorerie et le fonds de roulement. Les besoins amortissables sont le fonds de commerce, les meubles et le matériel, la marque …

Le prêt d’honneur

Le prêt d’honneur est un prêt sans taux d’intérêt accordé au porteur de projet (et non à l’entreprise qu’il crée). Le rôle du prêt d’honneur est d’augmenter la capacité d’apport pour intégrer les critères bancaires. Le prêt d’honneur permet aussi de diminuer le coût global de l’emprunt (taux 0).

Attention
Un prêt d’honneur ne finance jamais la totalité du projet. Il vient en complément de l’apport personnel et il est accordé sous réserve de l’accord de crédit bancaire.

Le prêt d’honneur est proposé par les plateformes d’initiatives locales. Vous trouvez la liste auprès de l’institution France Initiative. Les modalités et les montants ne sont pas les mêmes d’un département à l’autre.

Le plan de financement et la faisabilité financière du projet

En conclusion, un plan de financement faisable est un plan de financement qui montre un apport personnel suffisant par rapport aux critères des financeurs avec :

  • des besoins amortissables relativement équivalent au montant du prêt bancaire
  • des besoins non amortissables auto-finançables (apport personnel, prêt d’honneur)

Un plan de financement déséquilibré nécessite de :

revoir les budgets

  • se tourner vers d’autres solutions : des business angels si le projet nécessite beaucoup de trésorerie an démarrage, une plateforme de financement participatif …

Le compte de résultat prévisionnel

Le compte de résultat prévisionnel fait suite au plan de financement.

Il s’agit d’un tableau annualisé : il liste toutes les charges nécessaires pour faire tourner l’activité. Il permet de savoir quel chiffre d’affaires encaisser pour :

  • couvrir ces charges
  • être rentable
  • être rentable + se rémunérer
  • être rentable + se rémunérer + générer un bénéfice

En bref, le compte de résultat permet de visualiser le modèle économique de l’entreprise (tous les postes nécessaires au cycle d’exploitation, les montants …). Il se construit en faisant différentes simulations jusqu’à trouver le modèle rentable, c’est-à-dire un chiffre d’affaires :

  • permettant de dégager une rentabilité
  • réaliste comparativement aux résultats de l’étude de marché, avec le nombre de clients potentiels et le chiffre d’affaires des concurrents
  • réalisable avec les ressources matérielles et humaines prévues dans le compte de résultat prévisionnel (nombre de salariés en plus des forces du gérant, nombre de machines-outils…).

Par exemple :

COMPTE DE RESULTAT 1ere année d’exercice
Chiffre d’affaires 300 000 €
Achat des produits à revendre 120 000 €
CHARGES D’EXPLOITATION  
Loyer du local 9 600 €
Electricité 2 400 €
Honoraires expert-comptable 7 000 €
Petit matériel 3 000 €
Entretien, ménage à la société de nettoyage 3 600 €
Frais de communication Web 5 000
CHARGES DE PERSONNEL  
Salaires bruts (1 salarié) 25 000 €
Charges patronales 11 250 €
Rémunération gérant 30 000 €
Cotisations sociales gérant forfait année 1 5 000 €
CHARGES FINANCIERES  
Intérêts d’emprunt        900 €
RESULTAT AVANT IMPOT  77 250 €
Impôt sur les sociétés  16 675 €
RESULTAT NET  60 575 €
Remboursement capital de l’emprunt 10 000 €
CAPACITE D’AUTOFINANCEMENT NETTE  50 575 €

Le compte de résultat hors taxes

Un compte de résultat est toujours hors taxes, car la TVA sur les ventes est reversée à l’Etat et la TVA sur les achats est rendue à l’entreprise (via le jeu de la TVA collectée diminuée de la TVA déductible). De fait, la TVA ne représente pas une somme dédiée à l’entreprise et à sa rentabilité.

Le seul cas où la TVA intègre le compte de résultat prévisionnel est celui où vous prévoyez d’évoluer sous le statut de micro-entreprise / auto-entreprise. Ici, la TVA n’est pas récupérable : il s’agit donc d’une dépense effective pour l’entreprise, influençant sa rentabilité.

Le compte de résultat à 3 ans

En création d’entreprise, il est nécessaire d’anticiper l’avenir au maximum, c’est pourquoi le compte de résultat prévisionnel est établi pour les 3 premières années.

Analyser le compte de résultat

On voit bien que le compte de résultat prévisionnel formalise le modèle économique avec le poids des charges sur le cycle d’exploitation. Dans notre exemple, avec un chiffre d’affaires à 300 000 € (vente de produits finis) et un stock de produits à 120 000 €, la marge pratiquée est de 2.5. Cette donnée est à comparer avec les taux de marge sur le secteur concerné. On voit également le poids des charges sociales, de la fiscalité …  

Le compte de résultat et la fiscalité de l’entreprise

Le compte de résultat prévisionnel permet aussi de simuler les impôts et taxes à payer dans chaque statut juridique. L’objectif est de choisir un statut où la fiscalité est optimisée.

Le compte de suivi de trésorerie

Le compte de suivi de trésorerie scinde les montants du compte de résultat de manière mensuelle. Il permet d’anticiper l’exercice à venir en détail et d’appréhender les charges qui pèseront sur l’entrepreneur dès la création de l’entreprise. Ce tableau permet aussi de visualiser les éventuels décalages de trésorerie, issus des délais de paiement fournisseurs et/ou clients.

Par exemple :

  janvier février mars avril mai
Chiffre d’affaires  5 000 € 5 500 € 7 000 €     9 000 € 10 000 €
Loyer 800 € 800 € 800 € 800 € 800 €
Electricité 0 0 750 € 0 0
Frais de communication 0 0 0 3 000  € 0
Honoraires expert-comptable 750 € 750 € 750 € 750 € 750 €
Ménage et entretien 300 € 300 € 300 € 300 €  300 €
Salaires bruts salarié 0 0 0     2 000 € 2 000 €
Cotisations patronales 0 0 0   900 €   900 €
Rémunération du dirigeant 0 0 0 2 500 €  2 500 €
Cotisations du dirigeant (forfait) 0 0 2 500 € 0 0
Remboursement intérêts d’emprunt 100 € 100 € 100 € 100 € 100 €
Remboursement capital emprunt (remboursement différé accordé par la banque) 0 0 0 0 0
TVA à payer         4 950 €
Résultat 3 050 € 3 550 € 1 800 € -1 350 € – 2 300 €
Trésorerie de l’entreprise (démarrage à 7 000 €) 10 050 € 13 600 € 15 400 € 14 050 € 11 750 €

Le compte de suivi de trésorerie est Toutes Taxes Comprises (TTC)

Un compte de suivi de trésorerie est effectué Toutes Taxes Comprises (TTC) : chiffre d’affaires TTC et dépenses TTC. En effet, il s’agit d’anticiper les dépenses et les encaissements réels au mois où ils ont réellement lieu, non pas de connaître la rentabilité de l’entreprise.

La trésorerie au démarrage

Dans l’exemple, l’entreprise démarre son cycle d’exploitation avec une trésorerie de 7 000 €. Cette somme permet de faire face aux premières mensualités, jusqu’à avoir suffisamment de chiffre d’affaires pour faire tourner l’entreprise. La trésorerie est aussi un coussin pour les mois creux et les passages à vide. Il est indispensable d’anticiper les aléas de sa trésorerie à long terme pour piloter son entreprise avec un maximum de visibilité.

Pour votre comptabilité, mieux vaut faire appel à un expert !


La saisonnalité

Le chiffre d’affaires annuel doit être réparti dans le compte de suivi de trésorerie, tels des objectifs mensuels qui constitueront une véritable feuille de route. Pour cela, il faut prendre en compte la saisonnalité de l’activité.

Le prévisionnel financier, en bref

Le prévisionnel financier constitue donc une étape indispensable de la création d’entreprise puisqu’il permet de mesurer le risque financier et de valider le modèle économique souhaité. Pour faire des prévisions détaillées qui tiennent compte de tous les paramètres (charges sociales, fiscalité, remboursement de prêt, charges déductibles …), mais aussi pour simuler plusieurs modèles économiques et choisir le plus efficient, faites-vous accompagner par un professionnel du chiffre.