La CAF, pour capacité d’autofinancement, est l’un des ratios les plus importants dans une entreprise. Celui-ci permet en effet de savoir si une société est capable d’assurer seule ses besoins en financement ou si elle doit recourir à des ressources externes, par le biais d’un emprunt, d’un apport en capital… La CAF permet donc d’apprécier la rentabilité du modèle économique de l’entreprise.
Définition de la capacité d’autofinancement
La CAF se calcule à partir du compte de résultat d’une société (passé ou prévisionnel). Elle représente les sommes d’argent générées par l’activité de l’entreprise, qui peuvent ensuite être utilisées de plusieurs manières :
- Investissements dans le développement de la société
- Remboursement d’un prêt
- Paiement des dettes aux fournisseurs, à l’État…
- Versement de dividendes aux actionnaires
Dans la pratique, la capacité d’autofinancement est couramment représentée par cette formule :
CAF = produits encaissables – charges décaissables
La marge brute d’autofinancement (MBA) est proche de la CAF mais elle intègre les plus ou moins-values de cessions d’immobilisations.
Le rôle essentiel de la capacité d’autofinancement
La capacité d’autofinancement est un ratio comptable qui a été créé pour répondre à des besoins concrets. La plupart du temps, la CAF est ainsi regardée par une banque pour apprécier la capacité de remboursement d’un prêt. Cette méthode précise est en effet bien plus pertinente que l’utilisation du simple résultat net.
Exemple : une entreprise amortit chaque année un logiciel pour une valeur de 1000. Son résultat net est de 100. La CAF est alors de 1100 puisque la dotation aux amortissements n’est pas une sortie d’argent. Pour obtenir un emprunt de 500, mettre en avant un résultat de 100 ne sert pas à prouver que la société est capable de rembourser son prêt. Par contre, présenter une CAF de 1100 permet de montrer au banquier la capacité à honorer sa dette.
Comment calculer la CAF ?
La capacité d’autofinancement peut se définir par 2 méthodes, en utilisant l’EBE (excédent brut d’exploitation) ou le RNC (résultat net comptable).
Calcul de la CAF à partir de l’EBE
CAF = EBE + produits encaissables – charges décaissables
- Les produits encaissables sont ceux déjà encaissés ou à encaisser, et situés en dehors du calcul de l’EBE, tels que les produits financiers, exceptionnels…
- Les charges décaissables sont celles déjà décaissées ou à décaisser, et situées en dehors du calcul de l’EBE, telles que les intérêts bancaires ou de comptes courants d’associés, les amendes, les pénalités…
Calcul de la CAF à partir du RNC
CAF = RNC – produits calculés + charges calculées
Il convient de rajouter à ce résultat la VC (valeur comptable) des éléments d’actifs cédés et d’y retrancher les produits de cession de ces mêmes éléments.
- Les produits calculés sont ceux qui ne se traduisent pas par une entrée directe d’argent, tels que les reprises de provisions ou d’amortissements (produits non encaissables).
- Les charges calculées sont celles qui ne se traduisent pas par une sortie directe d’argent, telles que les provisions et dotations aux amortissements (charges non décaissables).
Exemple de calcul de la CAF
Charges | Montants | Produits | Montants |
Achat de matières premières | 40.000€ | Production vendue | 132.000€ |
Variation de stocks | 2.000€ | Production stockée | 2.500€ |
Services extérieurs | 12.000€ | ||
Impôts et taxes | 1.500€ | ||
Charges de personnel | 50.000€ | ||
Dotations aux amortissements | 6.000€ | ||
Dotations aux provisions | 2.000€ | ||
Charges financières | 5.000€ | ||
Impôts sur les bénéfices | 8.000€ | ||
Résultat | 8.000€ | ||
Total | 134.500€ | 134.500€ |
Calcul à partir de l’EBE (utilisation des SIG : soldes intermédiaires de gestion)
La valeur ajoutée
VA (valeur ajoutée) = production – consommations (de l’exercice)
- Production = 132.000€ + 2.500€ = 134.500€
- Consommations = achat de matières premières + variation de stock + services extérieurs = 40.000€ + 2.000€ + 12.000€ = 54.000€
Donc VA = 134.500€ – 54.000€ = 80.500€
L’excédent brut d’exploitation
EBE = VA – impôts et taxes – charges de personnel = 80.500€ – 1.500€ – 50.000€ = 29.000€
La CAF
CAF = EBE – charges financières – impôts sur bénéfices = 29.000€ – 5.000€ – 8.000€ = 16.000€
Calcul à partir du RNC
Cette méthode est plus simple et plus rapide :
CAF = RNC + dotations aux amortissements et aux provisions = 8.000€ + 6.000€ + 2.000€ = 16.000€.
La CAF nette
Sur une période donnée, la capacité d’autofinancement ne tient pas cas du remboursement éventuel du capital d’un prêt, à l’inverse de la CAF nette :
CAF nette = CAF – remboursement du capital du prêt sur une période
L’interprétation de la capacité d’autofinancement
Donnée annuelle, la CAF peut être aussi bien positive que négative.
Capacité d’autofinancement positive
En règle générale, la CAF minimale doit être au moins égale à :
- 5% du CA pour une société soumise à l’IS
- 15% du CA pour une société soumise à l’IR
Capacité d’autofinancement négative
En présence d’une CAF négative, l’entreprise ne crée pas assez de richesses pour couvrir son cycle d’exploitation. Elle doit alors avoir recours à des ressources externes (apports des associés, emprunts…) et se poser la question de revoir son modèle économique si la situation ne s’améliore pas rapidement.
Les 2 fonctions principales de la capacité d’autofinancement
La CAF permet essentiellement de répondre à 2 besoins au cours de la vie d’une entreprise :
- Le financement de nouveaux investissements : la capacité d’autofinancement sert à investir et à rembourser des emprunts. Très utilisé par les financeurs, ce ratio doit être contrôlé afin d’être certain que chaque prêt contracté pourra être couvert par la CAF.
- Le paiement des dividendes : l’AF (autofinancement) est souvent mis en relation avec la CAF. Ce ratio est simplement la CAF sans les dividendes distribués (AF = CAF – dividendes dotés). Une partie de la CAF peut donc être destinée au paiement des dividendes. Cette notion ne doit pas être minimisée, par exemple lors de l’entrée de nouveaux investisseurs. Ceux-ci peuvent peser un poids important lors de la décision de versement des dividendes, réduisant alors l’autofinancement réel de l’entreprise.
Les ratios liés à la CAF
Différents ratios sont calculés à partir de la CAF :
- Dettes financières / CAF : ratio de remboursement d’une dette (très utilisé par les banques).
- CAF / chiffre d’affaires : ratio indiquant la part de ressources internes créé par l’entreprise permettant d’assurer son financement. Un tel ratio de 30% montre que pour un CA de 100€, l’entreprise génère 30€ de ressources internes dédiées à son financement.
Améliorer sa capacité d’autofinancement
Chaque entreprise a tout intérêt à posséder une bonne capacité d’autofinancement et à l’améliorer constamment, car une CAF élevée permet :
- de mieux négocier avec un banquier puisqu’elle est signe d’un risque plus faible pour le prêteur. Les conditions d’emprunt sont donc plus favorables (taux réduit, durée allongée…)
- d’être plus serein afin de faire face à des situations de crise
- de maintenir, de façon raisonnable et acceptable pour l’entreprise, le montant des charges financières liées aux coûts des financements externes
Dans la pratique, il convient d’augmenter les produits encaissables et de réduire les charges décaissables pour améliorer la CAF.
Augmenter les produits encaissables
Le CA peut être optimisé en :
- augmentant le prix de vente, à condition que cela n’ait pas pour conséquence une trop forte baisse du panier moyen ou du nombre de clients de l’entreprise
- maximisant le montant du panier moyen
- fidélisant les clients
- proposant un nouveau produit ou service avec une meilleure rentabilité
Baisser les charges décaissables
Il est également possible de réduire les charges pour augmenter la capacité d’autofinancement. La diminution des charges fixes entraîne une hausse importante de la marge brute. Au niveau des autres charges, il convient de s’intéresser en priorité à celles financières et non pas à celles d’exploitation, au risque d’engendrer des conséquences négatives sur la qualité des produits ou des services proposés.
La CAF et les activités saisonnières
Les entreprises saisonnières ont la particularité de posséder une capacité d’autofinancement variant fortement chaque mois selon l’activité. Cela explique pourquoi ce type de société a bien souvent des difficultés pour trouver des financements. En effet, la CAF est très faible certains mois (hors saison) et à l’inverse élevée le reste de l’année (pendant la saison).
Les financeurs et les investisseurs ont plus de mal à évaluer le potentiel de l’entreprise en termes d’autofinancement lissé sur l’exercice. Il est donc essentiel de tenir un raisonnement non pas sur une année mais sur plusieurs périodes, afin d’obtenir un résultat plus réaliste.
En résumé
Différence entre les produits encaissés et les charges décaissées, la CAF correspond à un surplus de trésorerie dégagé par l’activité, c’est-à-dire à une possibilité d’autofinancement générée par le cycle d’exploitation. La capacité d’autofinancement estdonc regardée de près par les financeurs lors d’une demande d’emprunt.